Contemplation transformante

Contempler l’apparition/formation des cristaux

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Le temps poursuit son œuvre et voilà que les molécules vont maintenant commencer à se regrouper.  Comme nous l’avions signalé dans notre regard sur « la structuration de l’être dans le temps présent », nous arrivons ici à un embranchement important, décisif en fait. D’un côté, les molécules vont se regrouper pour former la matière inanimée. D’un autre côté, les molécules vont se regrouper pour former la cellule vivante.  Commençons par contempler le premier côté, celui de la matière inanimée.

Ainsi, les molécules vont se regrouper et nous verrons apparaître un nouveau niveau de structuration de l’être : les cristaux.  Sous ce mot, nous regroupons en fait toute forme de regroupement des molécules, autant au niveau solide que liquide, et peut-être même gazeux.  Nous regarderons les flocons de neige, les grains de sel ou de sable et les gouttes d’eau.

Un nouveau niveau

Commençons par la contemplation des gouttes d’eau.  Des millions de molécules d’eau (H2O) se regroupent et forment une goutte d’eau.  En se regroupant, elles ne forment pas une nouvelle molécule qui serait, par exemple, H4O2. Chaque molécule demeure parfaitement elle-même et ce sont de nouveaux liens qui vont retenir ensemble les molécules pour donner naissance à cette réalité si quotidienne qu’est la goutte d’eau. Cette goutte peut être une goutte dans la mer, mais elle peut aussi être cette petite goutte d’eau, sur le bord de mon verre, avec sa forme si caractéristique et son « comportement » singulier. Une goutte est une réalité précise. Elle est bien délimitée dans l’espace. Elle pourra interagir avec une autre goutte.

Contempler une goutte d’eau, c’est contempler déjà plusieurs niveaux de regroupement dans la structuration de l’être.  Les protons et neutrons (eux-mêmes réalités composites) se regroupent pour former le noyau cellulaire. Ce noyau s’associe un ou des électrons pour former un atome, ici l’Hydrogène et l’Oxygène. Deux atomes d’Hydrogènes et un atome d’Oxygène sont regroupés pour former chaque molécule d’eau. Les molécules d’eau sont regroupées pour former la goutte d’eau que je contemple, le niveau que je peux voir à l’œil nu.

Autant de niveaux de structuration, chacun avec ses lois propres et ses jeux de forces. Plus le niveau est élevé, plus le lien est faible, plus il peut facilement être défait et donc, plus sa « durée de vie » est courte. En fait, la goutte d’eau correspond à un niveau de structuration intermédiaire, dont l’identité est moins précise, même si, l’espace d’un temps, elle peut être contemplée pleinement.

Cette goutte d’eau va aussi se transformer et traverser les divers états de la matière.  En se refroidissant, elle deviendra cristaux de glace ou flocon de neige, tout dépendant du contexte environnant.  Elle subit donc des influences diverses, et non pas seulement celui de la température.  Le flocon de neige, comme le cristaux de glace aura sa forme caractéristique, reflet de la « forme » des molécules d’eau. D’ailleurs, c’est un aspect que nous n’avons pas contemplé dans le chapitre précédent. Alors que les atomes sont perçus comme étant plutôt sphérique, les molécules, au contraire, se regroupent sous des formes diverses, mais chaque molécule a sa forme caractéristique. Ainsi, la molécule d’eau se forme en « coude », jamais en ligne droite et jamais à 90 degrés.  Cette forme reflète les forces et les lois de la chimie qui entrent en jeu.

Une autre différence concerne aussi le mouvement. La théorie actuelle veut que les électrons soient constamment en mouvement autour du noyau de l’atome. Au contraire, les atomes sont fixes à l’intérieur de la molécule.

Nous pouvons aussi contempler ce nouveau niveau dans le cristaux de sel. Là encore, les molécules de sel (NaCl, par exemple) se regroupent, non pas pour former une nouvelle (Na2Cl2) mais pour former des cristaux de sel. Là encore, il semble que ce soient les conditions extérieures, et donc le « temps favorable », qui rende possible la formation des cristaux. Il y a donc des « raisons » internes car Na2Cl2 n’existe pas. Et il y a des « raisons » externes que j’appelle le « temps favorable ». Nous avons déjà évoqué dans ce temps favorable : la présence et la proximité des matériaux de base (le Na et le Cl) et le jeu de la température et de la pression. Il y a eu un temps favorable pour la formation des atomes de Sodium et de Chlore, il y a eu un temps favorable pour la formation des molécules de NaCl, et il y a maintenant un temps favorable pour la formation de cristaux de sel.  Et il y aura, un jour, un temps favorable pour l’exploitation des gisements de sel par l’être humain !  Mais celui-ci n’existe pas encore !

Les méga-structures composites

Bientôt les gouttes d’eau et les cristaux de sel vont se fondre ensemble, les grains de sables vont se stratifier en pierres, les pépites d’or vont s’incruster dans la pierre, les filaments d’alumine vont se fondre en bauxite. Tout cela s’amalgamera d’abord dans un immense magma en fusion.  Et puis vont apparaître ces mégastructures composites qu’on appellera planètes et systèmes planétaires, étoiles, galaxies et amas de galaxies.

Prenons une planète. Imaginons la terre avant que n’y apparaisse la vie, qui viendra beaucoup plus tard.  C’est une entité concrète, précise. Elle est définie en espace et dans l’espace. On peut en mesure le volume et en évaluer le poids.  Cette réalité bien précise est faite d’une multitude d’autres réalités. Tous les niveaux que nous avons contemplés jusqu’à maintenant s’unissent entre eux pour former une planète.  Si on considère que chaque atome a son histoire, que chaque molécule a son histoire, que chaque cristaux a son histoire et que chaque amalgame de cristaux a son histoire, l’histoire de la planète terre est déjà une épopée.  Et le fait que chaque planète occupe un espace précis n’est pas banal.

Tout d’abord, remarquons que nous retrouvons ici la forme sphérique.  Après avoir laissé la sphère atomique, nous avons contemplé les formes articulées des molécules. Nous sommes passés rapidement sur les polygones et polyèdres typiques de chaque cristaux. Et voilà que, mystérieusement, leur amalgame dans cette mégastructure composite retrouve la forme sphérique. Les systèmes planétaires, eux, seront plutôt de forme elliptique, nous y reviendrons.

Quant à l’espace occupé par chaque planète, elle est, en quelque sorte, le reflet ou l’effet des non-homogénéité dont nous avons parlé en contemplant la formation/apparition des atomes. Au fur et à mesure du développement de l’univers, les non-homogénéités se précisent et prennent formes.  C’est pourquoi, à rebours, on peut « prendre une photo » de ce à quoi ressemblait l’univers dans la jeunesse de ses 400 000 ans.

Il en est de même des systèmes planétaires. Notre système solaire, par exemple, occupe une place précise dans la galaxie de la voie lactée. Il est une entité définie, visible, mesurable, quantifiable, analysable.  Il en est aussi de même de notre galaxie, qui est complètement séparée de la plus proche galaxie par des milliards de kilomètres.  De même que la distance entre la terre et la plus proche planète est beaucoup plus grande que le diamètre de la terre, de même la distance entre le système solaire et le plus proche système planétaire est beaucoup plus grandes que le diamètre du système solaire. Et de même la distance entre notre galaxie et la voisine est incomparablement plus grande que le diamètre de notre galaxie.  Ainsi, les « vides » sont incomparablement plus vastes que les « pleins », que les espaces occupés par la matière visible.  Mais, bien évidemment, il n’existe aucun « vide » dans l’univers.  Ce vide cosmique est plein de plein de choses qu’il vaut la peine de contempler quelques instants.

Un vide cosmique plein de liens

Il n’existe aucun vide dans l’univers car tout est lié.  Depuis le big bang des « origines », tout se développe en interrelation.

Le vide cosmique est d’abord traversé par une myriade de photons lumineux.  Chaque étoile envoie dans l’univers des photons lumineux dans toutes les directions de sa structure sphérique.  Ainsi, peu importe où on se trouve dans l’univers, nous verrons toujours de la lumière.  Aucun endroit de l’univers n’est entièrement ténébreux.  Et s’il l’est, ce n’est pas par absence de photons lumineux, mais par une retenue de ceux-ci, ce qui donne naissance aux trous noirs.

Les trous noirs sont des masses si denses qu’elles empêchent les photons lumineux de s’échapper. Cela nous amène donc à une 2e plénitude du vide cosmique : les ondes gravitationnelles.  L’univers est entièrement rempli d’ondes gravitationnelles.  Chaque masse dans l’univers génère des ondes gravitationnelles dans les trois dimensions de sa structure.  Ainsi, il n’existe aucun endroit de l’univers qui soit dépourvu d’ondes gravitationnelles.  La multiplicité de ces ondes gravitationnelles rend d’ailleurs les calculs des astrophysiciens ultra complexes.

Donnons un exemple. La lune tourne autour de la terre parce qu’elle est retenue à elle par la force de la gravité.  Mais elle subit en même temps la force de la gravité du soleil, et celle des autres planètes, et celle de la masse globale de la voie lactée.  Comment mesurer l’impact de l’ensemble de ces forces ?

Ce vide cosmique est aussi habité par une histoire. Car la terre n’a pas toujours été la terre. Vraisemblablement, elle fut un fragment d’étoile qui a explosé.  Elle demeure liée, d’une certaine manière, à cette étoile qui l’a enfantée. Cette étoile lui a donné une impulsion initiale sans laquelle la terre ne pourrait pas « voyager » de la manière dont elle le fait.  Le vide cosmique est donc plein de ces « impulsions initiales » sans lesquelles, toutes les forces de gravité qui gardent liées entre elles des entités astronomique, feraient en sorte que ces entités s’écraseraient les unes sur les autres.

Ce vide cosmique est encore habité par une histoire de la manière suivante.  Lorsque la nuit, je lève les yeux vers le ciel, ce que je contemple n’existe plus et n’a jamais existé. Je vois une étoile dans l’état où elle était il y a 4 ans (car elle se situe à une distance de 4 années-lumière) à côté d’une étoile que je vois dans l’état où elle était il y a 10 millions d’années. Et les milliers d’étoiles que je contemple, je les vois à des époques complètement différentes les unes des autres. Et la navigateur qui se dirige en se fiant aux étoiles, voyage à partir d’un passé lointain.

Prenons un autre exemple. La lumière du soleil met 8 minutes à venir jusqu’à la terre. Nous sommes donc éclairés et réchauffés par une lumière du passé. La terre gravite autour du soleil parce qu’elle est retenue par les ondes gravitationnelles. À quelle vitesse voyage les ondes gravitationnelles ? Si elles ne voyagent pas à la vitesse de la lumière, la vie sur terre est déjà régie par des forces dont la genèse n’a pas le même âge.  Pendant ce temps, les marées sont causées par l’attraction lunaire. Comment ces ondes gravitationnelles ont-elles pris de temps à nous parvenir ?

Reprenons cela avec une image qui nous est plus familière. Vous êtes sur la plage. Un bateau passe au large avec des gens qui écoute une musique forte.  Cette réalité va vous atteindre en trois temps distants. Il y a d’abord la lumière : vous voyez le bateau. Il y aura ensuite le son, qui arrive plus tard car il voyage moins vite que la lumière. Et il y aura finalement les vagues, qui arriveront beaucoup plus tard car elle voyage beaucoup moins vites. Si un second bateau passe en arrière, vous recevez les vagues du premier bateau en même temps que le son du 2e bateau.  Ainsi, la distance entre vous et les bateaux est pleine de cette histoire qui arrivera jusqu’à vous à divers moments et en diverses étapes. Les lumières du 2e bateau traverseront les ondes sonores de ce deuxième bateau et arriveront avant les vagues du premier bateau.

Bien sûr les astrophysiciens ont réglé cette question en créant les sphères de l’espace-temps.  Mais si cette notion est pratique pour les calculs, elle ne change pourtant pas la réalité et j’ose affirmer que le vide cosmique est rempli d’histoire, croisement de la multitude de ces sphères d’espace-temps qui arrivent comme des vagues sur le rivage de nos vies.

Une réponse

  1. C’est toute une histoire. De l’atome aux galaxies en quelque paragraphes. Faut le faire. Tu t’en tires comme un acrobate. Ton exposé prédispose à la contemplation des mystères de la création.

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