Dans un article intitulé « Une halte avec les nuls », j’ai commencé à aborder la question des « propriétés émergentes ». Je tiens l’expression de Blandine Pluchet qui, dans son livre « Le Big bang pour les nuls », aborde cette question au moment de l’apparition des molécules. Voici son texte :
« Lors de la formation du cristal, les atomes agencés dans le réseau cristallin deviennent sélectifs et ne choisissent pour la poursuite de la constitution du motif que les atomes correspondants. Cette capacité de sélection est propre à la molécule, l’atome seul ne la possède pas. La molécule du réseau cristallin présente donc une propriété supplémentaire vis-à-vis des atomes pris séparément : on l’appelle propriété émergente. Nous retrouverons ces propriétés émergentes à différents échelons de l’évolution de la complexité dans l’Univers (voir troisième partie) » (Blandine Pluchet, « Le Big bang pour les nuls », p. 49).
Mais, en fait, selon moi, les « propriétés émergentes » accompagnent tout le processus évolutif, dès le début du Big bang. Et il vaut la peine de contempler cela avec émerveillement.
Les propriétés émergentes atomiques
Même si tous les atomes sont composés des mêmes particules élémentaires, protons, neutrons et électrons, chaque atome à ses propres propriétés. Les propriétés de l’Hydrogène, ne sont pas celle de l’Oxygène et les propriétés du Carbone ne sont pas celles du Fer ou de l’Aluminium.
Dans le contexte actuel de la course aux « métaux rares », la propriété de conductivité de certains atomes devient extrêmement importante. Si tous les atomes avaient la même conductivité, la course n’aurait pas lieu d’être.
Il suffit de jeter un œil sur le tableau périodique pour avoir une idée de la diversité des propriétés émergentes atomiques. Les propriétés de chaque atome « émergent » à partir du moment où cet atome « se forme » et « apparaît » par la réunion d’un certain nombre de protons et d’électrons. Parmi ces propriétés, il y aura, bien sûr, la capacité de faire alliance. Ce qui nous amène à l’étape suivante.
Les propriétés émergentes moléculaires
C’est ici que Pluchet nous introduit aux « propriétés émergentes ». Elle parle de « la capacité de sélection » des molécules de choisir quels atomes seront acceptés dans sa composition cristalline.
Mais les propriétés qui émergent des molécules sont beaucoup plus vastes. Chaque molécule a ses propriétés « personnelles ». Par exemple, plus loin dans son livre, lorsque Pluchet parlera de l’apparition des premières cellules vivantes, elle fera allusion à une propriété si importante de l’eau (H2O) qu’est sa capacité de dissolution.
Les propriétés émergentes des agrégats
Puis, les molécules et les atomes se lient entre eux pour former des agrégats ou des cristaux. Ce seront les alliages, dont chacun aura ses propres propriétés. (Est-ce un pléonasme ?). On peut penser bien sûr ici à l’acier, qui est peut-être l’exemple le plus connu et le plus ancien. Les nouveaux vélos cherchent des alliages sont les propriétés seront à la fois la robustesse en même temps que la légèreté. Il en sera de même bien sûr pour la miniaturisation, qui ne sera possible que grâce à la découverte des « propriétés » de certains métaux et alliages.
Les propriétés émergentes cellulaires
Il existe un « agrégat moléculaire » très particulier : la cellule vivante. En effet, d’un point de vue chimique, la cellule n’est rien d’autre qu’un agrégat, comme tant d’autres. Pourtant, elle possède des « propriétés émergentes » absolument uniques que la classe dans une catégorie à part.
La vie devient une propriété émergente. La vie émerge. Elle apparaît. Elle se manifeste. La vie, avec ses propriétés d’alimentation et de digestion, de respiration et de multiplication, d’interaction et de transformation. Aucun autre agrégat ne peut faire cela.
La distinction entre les végétaux et les animaux va déjà apparaître ici, à partir d’une propriété émergente. Les êtres unicellulaires de type végétal vont développer la propriété d’assimiler le CO2 et de rejeter l’O2 alors que les êtres unicellulaires de type animal vont développer la propriété contraire, ou complémentaire.
Les propriétés émergentes pluricellulaires
Puis, vont apparaître les êtres pluricellulaires, toute la variété des espèces vivantes que l’on connaît. Il y aurait ici tant à dire d’abord sur les propriétés émergentes que possèdent tous ces êtres vivants. On peut penser simplement à la variété des propriétés émergentes des diverses sortes de cellules. Les cellules osseuses n’ont pas les propriétés des cellules sanguines, ni les cellules musculaires celles de cellules nerveuses. On pensera aussi bien sûr aux cellules totipotentes et pluripotentes qui apparaissent et disparaissent au cours de développement de l’individu vivant.
Et avant d’aborder les propriétés de chaque espèce, il faut ici parler des propriétés qu’elle partage les autres espèces de son règne, de son embranchement, de sa classe, de son ordre, de sa famille et de son genre.
Puis, ce seront les propriétés propres à chaque espèce vivante. Et chacune de ces propriétés sera plus ou moins développée. La capacité de se déplacer, de voler, de communiquer, de chasser, de faire un nid, de transformer l’environnement. Et qu’en est-il de l’instinct et des réflexes naturelles ? Ils émergent.
Les propriétés émergentes humaines
Cela nous amène bien sûr aux propriétés qui émergeront chez l’être humain, en tant qu’espèce animale particulière. On pensera à la propriété de penser, de parler, de transformer l’environnement. On pensera à la propriété de créer par les différentes formes d’art, de créer des instruments qui prolongent et amplifient son action.
Et, ultimement, la dernière « propriété émergente » sera l’amour. Ce lien qui unit dans la liberté. Ce lien qui, par la communion, fait l’homme nouveau, l’humanité nouvelle, le Corps du Christ.
Et chaque individu a ses propres propriétés, les plus parfaites révélant, sa participation personnelle au Corps du Christ.

